Charlemont, un patrimoine historique …
Charlemont, perché sur un éperon rocheux, au cœur de la Réserve Naturelle de la Pointe de Givet, domine la Meuse et ses alentours.
Dans les années 1550, Givet est une terre frontalière, bordée par trois Etats souverains : le Royaume de France, les Pays-Bas espagnols et la principauté épiscopale de Liège. C’est à cette dernière que la ville de Givet est alors rattachée, et plus particulièrement à la Seigneurie d’Agimont de Louis de Stolberg.
Or, à cette période, la situation entre Henri II, roi de France, et Charles Quint, empereur du Saint Empire, est particulièrement tendue. En 1554, Henri II lance une vaste attaque contre les Pays-Bas Espagnols. Ses troupes ravagent tout sur leur passage. Les châteaux de Binche et de Mariemont, résidences de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, tombent, compromettant ainsi la sécurité des frontières.
C’est pourquoi Charles Quint fait l’acquisition, par l’intermédiaire de sa sœur, de la Seigneurie d’Agimont le 6 avril 1555, et lance la construction d’une nouvelle place forte, apte à protéger le secteur, sur la rive gauche de la Meuse. Charles Quint donne d’ailleurs son nom à cette forteresse : Charlemont, le Mont de Charles.
C’est avec le traité de Nimègue en 1678 que la place forte Charlemont-Givet devient française. Elle est remise au roi de France Louis XIV en 1680, puis rapidement inspectée et améliorée par Vauban.
Suite à l’attaque du général Coehorn, qui bombarde Givet depuis les hauteurs du Mont d’Haurs, Vauban propose dès 1698 un grand projet pour compléter et améliorer la place. Il prévoit notamment d’unifier les deux bourgs de Givet en une ville entièrement fortifiée, de construire un camp retranché sur le Mont d’Haurs et d’envelopper les extrémités de Charlemont dans une troisième enceinte (enveloppe du cornichon, second ouvrage à cornes et renforcement du front Nord).
Charlemont prendra sa structure définitive vers 1740, après la construction de la couronne d’Asfeld à l’Ouest, et de l’enveloppe du cornichon à l’Est.
Les dernières modifications d’ampleur sont apportées par le Général Séré de Rivières, suite à la défaite de la France lors de la guerre franco-allemande de 1870. La crise de l’obus-torpille dans les années 1880 rend cependant ces travaux obsolètes avant leur achèvement.
En 1914, Charlemont tombe après trois jours de bombardement. Dépassé techniquement, le site ne peut que ralentir la progression des armées allemandes.
Charlemont reprend du service en 1940 mais, malgré les améliorations apportées à partir des années 1930 (ouvertures de tirs et blocs pour pièces de 75 …), la situation est similaire à celle de 1914. Le site ne peut résister aux attaques ennemies et est abandonné en mai 1940. Givet est libéré le 7 septembre 1944.
En 1962, l’Etat, et notamment les services de la Défense, se réapproprie le site. Le 1er janvier 1963, le général Massu, commandant de 6e Région Militaire y installe le premier Centre d’Entraînement Commando de France, le C.E.C. de Givet, dont la devise est : « Croire et Vaincre ». L’histoire militaire de Charlemont s’achève en novembre 2009 avec la fermeture du Centre dans le cadre de la restructuration des services de la Défense.
Des négociations ont donc lieu entre l’Etat et les collectivités locales (Commune de Givet et Communauté de Communes Ardenne Rives de Meuse). Désireuse de ne pas laisser Charlemont à l’abandon, et de le conserver dans le giron public, la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse a, dès 2011, donné son accord de principe pour devenir propriétaire du site. L’acquisition du site de Charlemont est signée le 30 juin 2015.
… et naturel
Charlemont possède un patrimoine naturel très riche qu’il est important de conserver, protéger et mettre en valeur. Le projet de réhabilitation du site a permis de réaliser l’inventaire écologique de ce lieu d’exception. Bordé par la Réserve Naturelle au Sud et de Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique, Charlemont abrite :
- 266 espèces floristiques dont l’armoise blanche et l’orchis singe,
- 57 espèces d’oiseaux dont la pie-grièche écorcheur et l’alouette lulu,
- 7 espèces d’amphibiens et reptiles dont le lézard des murailles,
- 35 espèces de papillons de jour,
- 17 espèces de mammifères dont 8 de chauves-souris, comme le Grand rhinolophe.
Depuis 2017, des opérations visant à protéger et conserver les habitats et les espèces d’intérêt patrimonial sont mises en œuvre : gestion différenciée des espaces, installation de grilles à chauves-souris pour réservation de tunnels …
Le patrimoine naturel de Charlemont, c’est aussi les marbres rouges et noirs, très réputés aux XVIe et XVIIe siècles, les fossiles (goniatite, spirifer, brachiopode), ou encore les minéraux (cristaux de calcite, dolomite, galène).